Sined Duanruof est le pseudonyme de l’auteur Denis Fournaud. Dans cet ouvrage publié aux éditions Humour Savoir appelé In Homo Veritas, cet écrivain présente des articles autrefois parus sur son blog. Aujourd’hui, ses pensées ont été réunies et compilées dans un livre broché. Ce livre d’Homo Rigolens met en avant la théorie selon laquelle le monde se porterait mieux, si l’on accordait un rôle plus essentiel au rire et à ses vertus positives. Comme le rire est un réflexe typiquement humain, il convient de l’étudier de près… Dans les dérives du système, la science semble mener un jeu important dans la déconnexion entre les hommes, les femmes et la quête de bien-être. En effet, les élites et les gouvernements gérés par des tyrans n’offrent pas suffisamment de place au bonheur. Il est plutôt question de collecter le savoir, même s’il s’avère néfaste. En résulte un monde parfois inhospitalier, où les personnes se rejettent mutuellement et rivalisent de bêtise. Très provocateur et répugné par des cerveaux autoproclamés, l’auteur souligne les limites de l’acclamation du transhumanisme. Nombreux sont celles et ceux qui ressentent de l’admiration face aux nouvelles technologies. Il importe aujourd’hui de posséder un téléphone portable dernier cri, de suivre avec envie les dernières découvertes scientifiques et même d’établir une colonie sur Mars. Avec des progrès toujours plus avancés de l’Homme, Denis Fournaud déplore un manque d’humanité. Les amis des technologies de pointe sont ici ciblés comme des rabat-joie. Tous leurs efforts en faveur d’une planète améliorée ne suffisent pas à la sauver. Face à ce constat dramatique, Sined valorise la force comique : cette énergie pourrait venir à bout de ceux qui dénaturent leur propre espèce…
L’auteur Denis Fournaud représente une certaine partie de la population. Des personnes qui en ont marre de l’ingérence politique et des avancées scientifiques parfois absurdes. Après tout, l’Homme est bien capable de photographier un trou noir (c’était d’ailleurs une femme, Katie Bouman). Pourtant, il reste muet face aux questions d’ordre pratique comme maintenir la paix et défendre les plus faibles. Duanrof emmène le lecteur dans une plongée vers les tréfonds de l’humanité et ils ne sont pas forcément beaux à voir. Cependant, l’auteur ne sombre pas dans le pessimisme à la manière d’un Schopenhauer dépressif. En réalité, il compte bien utiliser le rire, afin de lutter contre le chaos. Dans ce livre parodique et souvent caricatural, cet adorateur de Momus — le dieu du sarcasme s’adonne à des poèmes et parfois à des réécritures de textes comme la Constitution. D’ailleurs, Sined ne se prend pas au sérieux : c’est peut-être la raison pour laquelle le lecteur se divertit, tout en apprenant de nouvelles choses importantes. Au sein d’un court « dictionnaire » au lexique chargé d’humour, l’auteur s’attaque aux élites dominantes. Pour lui, il importe de considérer l’Histoire du rire et de la dérision. Dans son rêve de « cité des rieurs et rieuses de la pensée », Denis Fournaud sert un livre à la bibliographie très riche et prolifique. C’est pourquoi les recherches de ce philosophe amusant témoignent d’une volonté d’appuyer l’autorité de son propos. Contrairement à ce que certains pourraient croire, ce n’est pas parce que l’auteur souhaite prouver le pouvoir du rire qu’il en découle un propos léger et insignifiant. Malheureusement, cela témoigne bel et bien d’une vision dépréciative quant à l’humour, souvent montré comme opposé aux choses « sérieuses » et donc dignes d’être étudiées.
Lors de la pandémie de 2020, des artistes ont été tournés en ridicule et injustement méprisés par les autorités, tandis que les scientifiques étaient portés aux nues à la manière de dieux vivants. Par exemple, les artistes sont considérés comme des métiers non essentiels. Et pourtant, nombreux ont été celles et ceux à se divertir, alors qu’ils étaient confinés. Comment ? En regardant des films, des séries, en écoutant de la musique. Qui sont les créateurs de ce contenu ? Les artistes ! Les humoristes sont partout : ils se montrent sur scène, écrivent des scénarios, dessinent des bandes dessinées. Ils suscitent le rire, et cette sensation génère une émotion, le bien-être. Après tout, personne ne souhaite s’enfermer dans une bulle d’ennui ! Dans cet esprit d’appel à la folie et à la libération des bonnes conduites soporifiques, Sined choque et dérange. Il n’est pas là pour plaire à tous ceux qui se prennent vraiment au sérieux. En résulte un livre à la fois drôle, qui reflète bien les préoccupations des personnes qui se sentent dépassées par un monde qui va trop vite. Une espèce humaine stressée, tourmentée par une roue lancée à pleine vitesse. Et si le progrès annonçait la fin d’une ère, et même le suicide collectif de nos civilisations ? Denis Fournaud présente un ouvrage spécial et inclassable, qui n’appartient à aucune catégorie. Une lecture unique et déconcertante, qui trouvera son public.
Le site de l’auteur : https://denis-fournaud.fr/
