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Coronavirus : la crise frappe de plein fouet le secteur de l’aéronautique

L’incertitude plane sur l’avenir de l’industrie aéronautique et spatiale. En cause, la crise sanitaire et la mise à l’arrêt du trafic aérien mondial, entraînant une récession sans précédent. Certaines mesures sont prises par des acteurs publics et privés pour assurer le maintien de la filière. Un moyen de poursuivre la construction du futur du secteur aéronautique et spatial malgré la crise.

Crise de l’aéronautique : les chiffres clés

La crise sanitaire et économique engendrée par l’épidémie de Covid-19 a frappé certains secteurs plus durement que d’autres. Parmi les plus fragilisés, les acteurs de l’industrie aéronautique et spatiale, qui subissent les restrictions de vols et l’incertitude quant à l’avenir de leur filière.

En 2020, avec la fermeture des frontières et la mise à l’arrêt des appareils, le transport aéronautique mondial a chuté de 90%. Une récession qui touche l’ensemble du secteur aéronautique et spatial et particulièrement l’aviation civile. On estime que l’activité des constructeurs d’avions dans le monde aurait chuté de 50%. A l’image d’Airbus, qui a par exemple annoncé en avril une baisse de près de 40% de sa production d’avions.

L’Association internationale du transport aérien prévoit une perte de 118,5 milliards de dollars pour le secteur aéronautique et spatial en 2020.

Ces chiffres vertigineux montrent à quel point la crise aéronautique dévaste aujourd’hui les acteurs de l’industrie de l’aviation.

Dans ce marasme économique, seule l’aviation d’affaires, avec son système de location de jet privé à la demande, montre des signes encourageants. En effet, les compagnies aériennes privées parviennent mieux à sortir de la crise que les compagnies aériennes commerciales, dont le trafic était encore à – 67% fin juillet (EBAA).

Les raisons de ce succès tiennent à la flexibilité caractéristique de l’aviation privée, plus agile lorsqu’il s’agit de s’adapter à des mesures gouvernementales anti-Covid.

Par ailleurs, la capacité réduite des avions privés permet de respecter les mesures de distanciation sociales bien plus facilement qu’à bord d’un grand appareil, qui embarque plus de personnel à bord.

C’est donc naturellement que les entreprises se tournent vers l’aviation privée pour assurer leurs voyages d’affaires. Ces déplacements, qui représentaient entre 6 et 7% du trafic mondial en 2019, ont atteint 17% du trafic aérien à l’été 2020 (EBAA). Une opportunité qui a évité à l’aviation privée de connaître la même crise aéronautique qui touche ses voisins du secteur.

Autre dommage collatéral de l’aéronautique en crise : la récente annulation de la 54e édition du Salon du Bourget près de Paris. Une décision inédite, qui suit la vague d’annulations des salons professionnels se tenant dans l’Hexagone compte tenu de la situation sanitaire.

Un coup dur pour les acteurs du secteur, pour qui le Salon du Bourget est l’occasion de se mettre à jour des nouvelles constructions aéronautiques et des plus récents modèles de l’aviation civile et de l’aviation d’affaires. Se rendre au Bourget, c’est aussi suivre les démonstrations de vols et s’informer des nouveaux contrats signés entre avionneurs et compagnies aériennes.

Pour rappel, le Salon du Bourget, plus grand salon dédié à l’industrie aéronautique et spatiale et aux aux métiers de l’aéronautique, rassemblait en 2019 :

  • 2 543 exposants
  • 49 pays représentés
  • Quelques 140 000 visiteurs professionnels
  • 177 000 visiteurs grand public

En raison de cette fréquentation et de l’enjeu international de son organisation, la 54e édition du Salon du Bourget, qui devait se tenir du 21 au 27 juin 2021, est donc reportée en 2023.

Des plans sociaux pour sortir de la crise aéronautique

La récession du secteur de l’aéronautique a très fortement impacté les acteurs du secteur, entraînant de nombreux plans sociaux.

L’industrie aéronautique et spatiale en France, c’est :

  • Un secteur de très haute technologie
  • Un chiffre d’affaires qui a quasiment doublé en 10 ans
  • Plus de 15 000 embauches par an (en période pré-Covid-19)
  • 200 000 professionnels du secteur, soit un tiers de l’effectif européen
  • Des sites concentrés majoritairement dans le Sud-Ouest et la région parisienne
  • Un pôle de compétitivité mondial Aerospace Valley qui associe les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie Pyrénées/Méditerranée

Aujourd’hui, les plans sociaux se multiplient en France malgré une aide de 15 milliards d’euros accordée par l’Etat à l’industrie aéronautique et spatiale.

En Occitanie, région qui rassemble à elle seule 27% des effectifs de la filière aéronautique, une trentaine de plans sociaux est actuellement en cours. Ceux-ci menacent l’emploi de près de 10 000 salariés.

La région a été témoin de plusieurs contestations sociales sans précédent, comme par exemple à l’usine Latelec, filiale de Latécoère, spécialisée dans le câblage aéronautique à Labège près de Toulouse. Après deux mois de négociations et plusieurs journées de grève, les salariés s’opposaient à la fermeture de leur site, aux suppressions de 129 postes et à une possible délocalisation de la production dans les Landes ou au Maghreb.

A Blagnac, c’est Akka Technologies qui annonce la suppression de 1 150 postes sur son site. L’entreprise, qui ne peut plus assurer le paiement de ses salariés en chômage partiel, a estimé sa perte de chiffre d’affaires à 38% par rapport à l’année précédente.

Dans la Somme, le pôle aéronautique d’Albert-Méaulte a également été fortement impacté par la crise aéronautique. Ce pôle important regroupe une quarantaine d’entreprises autour de Stelia Aerospace, filiale d’Airbus. En octobre, les syndicats d’Airbus ont accepté le plan social proposé par l’employeur, limitant les conséquences de la crise. Mais ce n’est pas le cas des salariés travaillant en sous-traitance, sur la sellette de la suppression d’emplois.

Devant cette menace générale pour les métiers de l’aéronautique, les régions agissent pour tenter de rediriger les professionnels du secteur vers d’autres débouchés. On trouve des compétences très précieuses dans l’industrie de l’aviation, qui peuvent être réinvesties ailleurs. Ces nouvelles opportunités concernent par exemple en Occitanie les secteurs de l’agroalimentaire, de la santé, de l’action sociale, du bâtiment, du transport et de l’industrie hors aéronautique. L’industrie liée à l’urgence climatique offre également des débouchés intéressants.

Notons également l’effort d’EDF qui encourage aussi la mobilité professionnelle des salariés du secteur de l’aéronautique en proposant plus de 200 emplois aux employés de groupes aéronautiques comme Airbus, Daher, Liebherr ou Safran via un site internet dédié.

L’aéronautique en crise : une opportunité pour repenser le futur du secteur ?

Face aux conséquences de la crise aéronautique, des initiatives sont lancées pour aider la filière à se relever. On pense notamment à “Rebond Industrie”, un programme lancé par BPI France et l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) pour accompagner les PME locales à adapter leur modèle économique au nouveau contexte.

Par ailleurs, la région Occitanie a dévoilé un nouveau fonds de soutien à destination des entreprises locales du secteur de l’industrie de l’aviation. Ce fonds a pour but d’encourager la recherche et le développement de l’aviation de demain. Une aide généreuse de 50 millions d’euros, créée en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas).

La crise aéronautique pourrait effectivement faire émerger un certain rebond dans la manière de penser l’aviation du futur.

Certains acteurs du secteur et ONG œuvrent déjà à repenser une aviation plus verte. Une nouvelle génération d’avions, plus respectueuse de l’environnement, plus verte et moins émettrice de gaz à effets de serre, est déjà à l’essai chez certains constructeurs.

Nathalie Chambon
Nathalie Chambon
Fan de décoration et de design, j'en fais désormais mon métier, notamment grâce à ce journal où je viens parler de déco, de mode et des dernières tendances en terme d'architecture.

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